Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/322

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XXI.   Pourquoi donc trembler, ô bourgeois très-honnêtes, quand les vents qui courent sur les mers avides et les monts élevés apportent jusqu’à vos capitales le cri lointain des invasions ! Et que ferez-vous donc, bourgeois, quand résonnera dans la vallée du Jugement la terrible trompette qui soulèvera les morts ?

Une armée conquérante pénètre en France à la pointe de ses lances ; elle occupe militairement la contrée, l’opprime, la saccage, la surcharge d’impôts et de contributions, la courbe sous la tyrannie la plus absolue et la plus farouche....

Eh bien ! En résulte-t-il que la race française soit anéantie ? que le pays habité par elle soit supprimé à tout jamais, que ses rapports avec les états limitrophes soient interceptés ? que les nations voisines puissent se passer de ce pays, et que ce pays puisse se passer des nations voisines ? Lui est-il permis de se dérober au mouvement général de l’humanité ? Ses richesses sont-elles confisquées, son sol frappé de sécheresse, ses ateliers déserts, sa production et sa consommation détruites, son mouvement artistique et intellectuel paralysé, ses hommes sous terre, ses femmes stériles, ses enfants moissonnés dans leur verte croissance ? Quels changements l’Invasion a-t-elle donc introduits dans ce pays ? Elle a modifié les rapports entre les individus, sans diminuer les ressources qui leur sont départies par la nature ; et ces nouveaux rapports doivent être réglés par un nouveau contrat. Voilà tout. — Et voilà ce qui vous effraie, bourgeois de France : la Révolution contre le Monopole, et non pas l’invasion de la Patrie française ! — Que si vous me répondiez non, je vous en donnerais le démenti !