Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/331

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les baisers du soleil. Et mille langues de feu, vives comme le sang des taureaux, s’échappaient par dessus les bords du vase.

« Plonge tes mains dans l’eau de feu, reprit l’ange, et ne les y laisse pas plus de temps qu’il n’en faut à l’hirondelle pour mouiller son aile dans le Léman. »

Et je plongeai ma main dans le vase ardent. Et je la retirai calcinée comme une poutre de chêne qu’a dévorée l’incendie.

« Écris maintenant, dit l’Ange, car les temps sont proches. »

Et comme j’étais effrayé et que je frissonnais : « Sois sans crainte, ajouta-t-il. Ce que je vais annoncer aux hommes est terrible, et l’avenir est plus noir que l’aile du corbeau. Mais tu n’es qu’un roseau entre mes mains, et si tu hésites, je te briserai.

» Et j’en choisirai quelque autre qui sache regarder en face la Mort et la Désolation. »




VISION V
Malédiction !


« Crie à plein gosier, ne t’épargne pas,
élève la voix comme un cornet. »
Isaïe.


Alors, je gravis jusqu’au sommet des Alpes ébranlées par le tonnerre, je touchai la nue menaçante, et j’exposai mon corps aux torrents de pluie.

J’écrivis ; et je ne distinguai plus les hommes qui me couvraient d’injures. Et je devins insensible aux cailloux