Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/334

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sur toi, Paris la Folle ! Malédiction sur Rome, Madrid, Venise, Naples et Vienne, repaires de criminels impunis, vases de luxure et d’écume, foyers de pestilence, ateliers de corruption, égouts sans fond qui absorbez la sève de vos provinces et leur rendez de la boue et des corps rongés de lèpre !

» Vous êtes les sœurs prostituées, les coureuses, les agaçantes, aussi pâles, aussi défaites les unes que les autres ; vous êtes les dignes filles de Ninive, de Gomorrhe et de Carthage ; vous tomberez et ne vous relèverez plus. Car je mutinerai contre vous les quatre vents des cieux.

» Orgueilleuses ! ne dites pas que vous êtes éternelles et imprenables. Ne dites pas que le monde gémirait comme un homme veuf le jour où vous lui seriez ravies ;

» Car l’homme veuf reprend femme ; l’Humanité construit de nouvelles tours avec les débris des anciennes, et forge des créneaux avec le fer rouillé ;

» Mais il faut des ouvriers robustes pour forger et tailler : la pierre et les métaux sont durs.

» Tandis que vous, vous laissez tomber vos églises et vos palais parmi les orties, et vous n’élevez plus de monuments.

» Voici : mes poumons sont encore pleins de la pluie de soufre qui consuma Sodome ; mon haleine a gardé sa force comme au jour où elle dispersa les Juifs ; l’épée qui détruisit Ninive et le cimeterre qui nivela l’Asie sont encore pendus à mon flanc.

» Cadix était riche quand elle envoyait ses flottes piller les nouveaux mondes ; Sidon, Florence, et Pise, et Gênes étaient riches aussi. Athènes était brillante au temps de Périclès ; Rome était toute-puissante quand l’univers subissait sa loi ; Jérusalem et la Mecque furent les reines de l’Orient !

» Et maintenant, les souveraines du Midi sont déchues