quelques heures, et les jetant, comme des épis sans semences, aux fourgons de la Mort !
Parmi les armées brillantes, ils frappent sans relâche. Les Empereurs et les Rois grincent des dents. Mais les contagions se rient de leurs Majestés grotesques et chargent les soldats sur leurs épaules maigres. Allez donc, ô les plus pauvres ! Courez à la guerre aux cris de Vive l’Empereur ! Pour lauriers, le Choléra sèmera de cyprès les champs de vos batailles !
Les riches fuient lâchement ; les pauvres meurent par milliers dans les villes industrieuses. Les agonisants demandent du travail et du pain : pain et travail leur sont refusés !
Esclavage et Misère ! vous avez donc bien altéré notre nature, qu’à la Mort même l’homme n’ose pas se dérober par la Révolte ! !
Eh ! qui donc espérerait de réveiller des êtres que la Disette ou le Choléra ne galvanisent plus ! Et quelles preuves plus terribles puis-je vous donner, moi, de la Décadence de l’Occident ?
Le Pape accuse la propagande révolutionnaire d’être cause de tous nos maux. Le Bomba-roi fait prodiguer les soins de ses sbires aux Lazzaroni décimés. Les oppositions bavardent et se réjouissent malignement des embarras du pouvoir. Les ambitieux crochettent dans les cadavres des parchemins, décorations et hochets pour leur vanité misérable. — Dans une société comme la nôtre, l’Intérêt rend l’homme plus cruel que le chacal. Quand la Mort l’épargne, elle l’enrichit !
Vous voilà, médecins, philanthropes, politiques, guerriers, gouvernants, charlatans de tous grades qui flairez les morts ! Eh bien ! que vous apprennent ces entrailles brûlées, ces chairs flétries, ces intelligences fulgurées ? Rien...…