danges. La Terre gémit jusque dans ses entrailles, et dans son désespoir, elle laisse échapper le cri du Pain, le cri de la Famine, le cri Dernier !
Dans les gouffres profonds, aux rives des mers glacées, sur une pierre nue, elle s’est éveillée, la hideuse vieille, l’inexorable vengeresse des injustices des siècles !
La Famine ! Elle frotte ses yeux creux ; sur le dernier os qu’elle ait conservé, elle aiguise ses dents maudites. Parmi ses haillons, elle choisit ceux qu’elle sait le plus odieux aux peuples, les oripeaux d’écarlate qui couvraient les rois et les bourreaux. Elle vient sur nous, altérée du sang des femmes, des enfants, des hommes forts, de tout ce qui est vivace dans l’Humanité !
En cette longue année de grâce et de misère, 1854, nous n’en sommes encore qu’au prologue du drame de la Méduse. À bientôt les horribles crimes que produisent l’Avarice, la Misère et la Détresse poussées à leur dernière extrémité. Personne — pas même moi — ne peut se figurer les agonies atroces qu’enfantera la dissolution de cette société maudite. Jusqu’ici, l’on n’a vu succomber les nations que par une mort violente, sans languir. Nous saurons enfin comment un peuple meurt par indigestion de vert-de-gris monnayé !
Quand ces temps viendront, — et ils sont proches — le père sera contre son fils, et le fils contre son père, et la mère contre sa fille ! Le frère dénoncera son frère, et l’ami son ami ! Alors, l’homme verra son semblable expirer, et passera son chemin ! Alors la femme sera plus habile encore qu’aujourd’hui dans l’art de trahir sûrement et de se vendre cher !
En ce temps là, de belles filles mourront plutôt que de subir les baisers du public immonde ; de jeunes artistes, exténués de misère, échangeront leur dernier pinceau