Page:Ernest Cœurderoy - Hurrah !!!.djvu/415

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États-Unis pourront bien agir sur l’Europe par des coalitions de capitaux, par des initiatives individuelles, par des expéditions-Lopez, par des encouragements indirects à l’insurrection, par des influences semi-officielles — ainsi qu’il est dans les tendances et dans la politique de la race anglo-saxonne. — Mais, bien certainement, les États-Unis n’auront aucune influence gouvernementale et de décision sur les immenses événements révolutionnaires qui vont bouleverser le Vieux-Monde. Le moment appartient à la Russie.


En vérité, rien n’est plus curieux à observer que l’attitude démocratique des ambassadeurs américains en Europe depuis la présidence Pierce. Ces diplomates sont républicains, audacieux, ouverts, sympathiques à la Révolution : officiels qu’ils sont, ils veulent bien être officieux pour la Démocratie ! Ils lui offrent des navires, des fusils, des capitaux, tout ce qui peut affaiblir les gouvernements européens sans les compromettre eux-mêmes. Mais qu’on leur demande une armée, un homme, une goutte de sang pour sceller le pacte fraternel, ils répondront que ce ne sont pas là des articles d’échange. Et cependant la jeune Europe célèbre les vertus républicaines des Saxons et attend sa délivrance de leur initiative. Les Américains sont les traînards de la Civilisation ; ce sont des monopolistes, des exploiteurs, des commissionnaires, des civilisés perfectionnés et anglais. Et l’on sait comment les Anglais affranchissent les hommes !

L’Amérique ne conquiert pas avec le plomb, mais avec l’argent, la plus meurtrière des machines de guerre. Elle achète des États comme des ballots de coton ; elle exploite la misère des nations déchues, comme le capitaliste suce le sang du prolétaire malade. Défiez-vous des nations qui enchaînent avec l’or ; c’est avec l’or qu’on forge les chaînes