peine du talion à ce public immonde qui journellement m’insulte. J’ai sur lui l’avantage de la position, puisque je ne m’abaisse jamais à me défendre et que je suis seul à attaquer tout le monde. En vérité, qu’on me prête toutes les imperfections, tous les vices et tous les défauts qu’on voudra, on ne m’en trouvera jamais autant que je puis en trouver à tous les autres. La partie est par trop inégale, et mes adversaires auront déjà fini de glaner, que je n’aurai pas encore commencé ma moisson.
Oh ! bien sot vraiment celui qui se fait l’esclave de la majorité quand il peut lui parler en maître ! Quoi que tu dises de moi, Public, tout ce qui est et tout ce qui n’est pas, tout ce qu’on hurle et tout ce qu’on chuchote, tout ce que tu exaltes et tout ce que tu condamnes, quoi que tu dises de moi,… je me mets en dehors de tout jugement et je te défie ! Être insulté par tout le monde, c’est n’être insulté par personne et acquérir le droit de dire la vérité à tous. J’en suis là !…
… Sur ce pauvre livre j’appelle l’anathème des grands journaux subventionnés, ces esclaves modernes plus misérables que l’esclave antique qui gardait du moins sa libre pensée dans les fers.
J’appelle la mauvaise foi, les attaques hypocrites et vulgaires des petites feuilles de la Démagogie qui vivotent sur le dénuement de la bourse et de la pensée de leurs chefs. La misère aigrit et rend injustes ceux que l’ambition torture.
XIII. — J’appelle enfin la Haine !
Les hommes de mon temps me l’ont inspirée par leur hypocrisie ; qu’ils me la renvoient pour ma franchise. Je serai fier d’attirer leurs traits empoisonnés. Grêle pour grêle et douleurs pour douleurs ! Je ne plierai pas : qu’on me brise !