organique, éternel, tandis que la révolution politique est d’influence passagère, d’intrigues et de déceptions ; — qu’on n’arrête jamais l’essor de la première.
Or, le besoin de la révolution sociale est maintenant dans l’action. Nous autres peuples vieux, nous avons assez émis d’idées, nous avons assez fait blanchir nos cheveux dans les travaux de l’intelligence. Maintenant, nous touchons à l’enfance des vieillards, — la mauvaise, la triste enfance. — Nous sommes en démence, en stérile bavardage, en secousses d’agonie. Nous ne pouvons plus rien procréer, rien faire ; nous avons dit tout ce que nous avions à dire. Nous nous décomposons ; et l’instabilité de nos gouvernements, la dissolution de notre hiérarchie sociale sont parfaitement en rapport avec notre état organique.
M’appuyant donc sur la loi d’analogie, je soutiens que nous allons tomber en décrépitude et devenir inutiles à l’espèce ; — et que les peuples jeunes et agissants, véritables révolutionnaires socialistes, mettront un terme à nos stériles agitations politiques. Le moment de l’action organique est venu : il importe que les sociétés du dix-neuvième siècle subissent l’invasion pour que l’Humanité soit sauvée. Le socialisme, mal comprimé par des restaurations sanglantes, a disparu de la surface des populations et gronde maintenant dans leurs entrailles et dans leurs têtes. Sur le Caucase, Prométhée, séculaire martyr, a brisé les chaînes de son bras droit !
IX. Chez l’enfant, le développement physique se fait de la circonférence au centre ; le cœur est le dernier organe qui se forme. De même, quand une nouvelle société doit se constituer, elle n’arrive que peu à peu sur la scène, forçant d’abord les frontières des contrées qu’elle envahit, surmontant, l’un après l’autre, les résistances qui se présentent à elle. Elle ne parvient au centre de sa conquête,