Page:Ernest Lavisse - Histoire de France cours élémentaire, Armand Colin, 1913.djvu/102

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d’épée et le jetèrent par la fenêtre. Vous le voyez qui s’accroche à un rebord. Il mourut en tombant.

Dans toute la ville, on tua ; on tua dans les maisons ; on tua dans les rues. Même des femmes et des enfants furent assassinés. On entendait partout des cris, des coups de feu, et les cloches des églises qui sonnaient à toute volée.

La Seine s’emplit de cadavres que les assassins y jetaient. Plusieurs milliers de protestants furent ainsi massacrés. Ce fut un crime abominable et lâche. On l’appelle le massacre de la Saint-Barthélemy, parce qu’il commença le 24 août, jour de la fête de ce saint.


— 8. Le repentir de Charles Neuf. — Le roi Charles se repentit d’avoir laissé commettre un si grand crime. Il ne pouvait plus tenir en place. Il n’osait plus regarder personne en face ; il baissait la tête, fermait les yeux, les rouvrait, puis les refermait. La lumière lui faisait mal.

Pour se distraire, il partait à la chasse. Il courait à travers bois deux et trois jours de suite. Il ne s’arrêtait que pour manger ou pour dormir un moment. Il criait pour commander à ses chiens, ou bien il jouait du cor à se rompre la poitrine. Ses mains, à force de tenir les rênes de son cheval, durcissaient ; on y voyait des coupures et des ampoules.

Il n’écoutait plus ce qu’on lui disait. Quand sa mère, la reine Catherine lui annonçait une nouvelle il disait : « Cela m’est égal, et tout le reste aussi. »

Il tomba malade. Dans ses dernières heures, il était gardé par sa vieille nourrice. Elle l’entendit se plaindre, soupirer et pleurer. Elle s’approcha de lui