Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/106

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yeux du spectateur, mais rapporte des paroles appartenant à d’autres acteurs. M. Ewald a poussé trop loin ce principe en admettant que des scènes entières, dialoguées, sont ainsi récitées par une seule personne ; mais il est certain que, dans les trois morceaux précités, le poëme cesse presque d’être dramatique pour tomber dans la romance ou la chanson.

L’absence de décors résulte non moins clairement des passages précités et surtout des brusques changements de lieu, qui supposent que la scène n’est jamais localisée par des signes extérieurs. Quand on cherche à se représenter les circonstances où se jouait ce drame singulier, on est amené à concevoir une estrade où figurent trois acteurs principaux, le berger, la bergère et le roi. La bergère est placée au milieu du roi et du berger, et reçoit tour à tour leurs hommages. Ces acteurs sont toujours présents, même aux moments où les convenances de la scène voudraient qu’ils fussent absents. Les