Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/150

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l’époque d’Esdras ou de Néhémie, d’être bien compris. Il n’est pas vraisemblable néanmoins que dès lors on l’envisageât comme sacré ; la Loi, les livres historiques et les prophètes, avaient seuls à cette époque une autorité reconnue. Mais peu à peu l’idée de l’inspiration s’étendit et se détermina. Vers l’époque des Macchabées, tous les vieux livres étaient fort vénérés[1], et vers l’époque de Jésus-Christ, ils étaient sacrés. Les écrivains du Nouveau Testament ne citent jamais, il est vrai, l’Ancien Testament comme un corps d’ouvrages ; ils s’en réfèrent isolément à la Loi, aux Prophètes, aux Psaumes[2]. Mais Josèphe, leur contemporain, nous donne un canon de livres « réputés divins, » dont le Cantique des Cantiques fait partie[3]. On conçoit la révolution qu’une telle

  1. Voir Ecclésiastique, prologue. Ce prologue fut écrit environ 130 ans avant Jésus-Christ.
  2. Voir surtout Luc, xxiv, 44.
  3. Contre Apion. i, 8. Le texte de Josèphe laisse douter s’il entendait le Cantique dans un sens allégorique ou dans un sens purement humain.