Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/24

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tion paraîtront un peu choquants à deux classes de personnes, d’abord à celles qui n’admirent de l’antiquité que ce qui ressemble plus ou moins aux formes du goût français ; en second lieu, à celles qui n’ont connu le Cantique qu’à travers le voile mystique dont la conscience religieuse des siècles l’a entouré. Ces dernières sont naturellement celles dont il me coûte le plus de froisser les habitudes. Ce n’est jamais sans crainte que l’on porte la main sur ces textes sacrés qui ont fondé ou soutenu les espérances de l’éternité, ni que l’on rectifie, au nom de la science critique, ces contre-sens séculaires qui ont consolé l’humanité, l’ont aidée à traverser tant d’arides déserts et lui ont fait conquérir des vérités fort supérieures à celles de la philologie. Il vaut mieux que l’humanité ait espéré le