Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/35

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n’a aucun sens dans la bouche d’une amante qui soupire pour un ami séparé d’elle. Ajoutons que le mot alamoth, qui désigne la troupe de femmes qui aime le héros, désigne ailleurs (vi, 8) d’une manière certaine les odalisques de Salomon. — Il semble donc qu’il faut voir dans ces trois premiers versets une scène de harem[1]. Chacune des femmes aspire aux faveurs du maître, qui est bien certainement Salomon (la suite le prouve évidemment). Elles lui expriment leur amour par des invitations passionnées, placées tantôt dans la bouche du chœur tout entier, tantôt dans la bouche d’une seule.

Quant à ces mots : « Le Roi m’a introduite[2] en ses appartements, » je pense qu’on doit les attribuer à une jeune fille qui vient d’être enfermée dans le harem ; cette conjecture deviendra presque une certitude quand nous examinerons les versets suivants,

  1. C’est ce qu’ont bien compris les premiers MM. Bœttcher et Hitzig.
  2. Ou « m’introduit. »