Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/49

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son amie, entre subitement en scène, ainsi que nous allons le prouver tout à l’heure. Au verset ii, 15, nous trouverons, et là sans que le doute soit possible, un semblable artifice. — Quoi qu’il en soit de cette nuance, nous croyons qu’il faut voir dans le verset qui nous occupe, une suite de la dissonance que le poëte semble prendre plaisir à établir entre Salomon et la jeune fille, chacun d’eux suivant son idée et, grâce au mécanisme ingénieux de la scène, prolongeant le malentendu.

Le verset 2 est-il prononcé par Salomon ou par l’amant ? Le mot raïati, « mon amie, » porterait à croire qu’il l’est par Salomon. Mais c’est seulement dans les apostrophes au vocatif que le poëte observe la distinction des termes d’amour. — De très-fortes raisons nous invitent, au contraire, à attribuer ce verset à l’amant. À partir du verset suivant (vers. 3), en effet, la scène ne peut plus se passer de la présence de l’amant, et, au verset 7, cette présence est hors de contestation, puisqu’il parle. À quel moment faut-il