Page:Ernest Renan - Cantique des cantiques, Calmann-Levy, 1884.djvu/85

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circonstance. La Sulamite traverse la scène, appuyée sur son bien-aimé. Elle est endormie, comme le prouvent les premiers mots de la seconde partie du verset. L’amant est censé la transporter pendant son sommeil au village. Nous avons déjà vu les changements de lieux s’opérer ainsi instantanément et d’une façon toute conventionnelle. L’amant dépose sa bien-aimée endormie sous le pommier de la ferme, et la réveille en lui montrant les lieux où elle a vu le jour. La Sulamite (vers. 6) se donne à lui et célèbre la puissance invincible de l’amour. Le verset 7 renferme le résumé de toute la pièce : « Rien ne saurait éteindre l’amour vrai ; vouloir acheter l’amour à prix d’or (comme l’a fait Salomon), c’est s’exposer à la confusion. » Il n’est pas impossible que ce verset soit aussi dans la bouche de la Sulamite. Cependant il y a quelque chose de choquant à ce que l’amante, au comble de ses vœux, se mette à moraliser et à lancer des épigrammes contre Salomon. Le verset 6 finit à merveille le rôle de la Sulamite. L’art admirable et