Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/30

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c’est là une attention fort simple et qui ne suppose pas, à beaucoup près, le degré de raffinement littéraire qu’exigerait un poëme entier composé dans un ordre d’idées différent de celui de l’auteur. Ajoutons que la couleur forte, vive, énergique du poëme de Job, sa physionomie austère et grandiose excluent l’idée d’un pastiche. Une exception doit être faite pour le discours d’Élihou ; mais cette exception elle-même établit très-fortement notre principe ; car la différence de ton entre ce discours et le reste du poëme frappe à la première vue le lecteur le moins attentif.

Si le poëme de Job est une œuvre sincère, s’il exprime bien les idées du temps et du pays où il fut composé, sans arrière-pensée d’imitation, à quelle époque et à quelle école faut-il le rattacher ? Une opinion fort ancienne et fort accréditée a tranché hardiment la question. Selon cette opinion, le poëme de Job serait le plus ancien ouvrage de la littérature hébraïque. Comme on n’y trouve aucune trace des