Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/41

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sont plus avec les Beni-Kédem et les Théilianites, mais bien avec la Perse, puis avec la Grèce. On chercherait vainement dans le judaïsme sévère de cette époque une place pour une œuvre aussi franche d’allure, remplie d’un parfum aussi fort de la vie nomade, et supposant une aussi grande largeur d’esprit. Les hardies apostrophes et les protestations énergiques de Job auraient passé, aux yeux des contemporains d’Esdras et de Néhémie, pour des blasphèmes. Le goût des théophanies et des révélations particulières, qui se remarque dans le livre de Job[1], et qu’on retrouve dans le poème d’Agur[2], n’appartient pas à l’époque persane ; la vieille théologie des Fils de Dieu, du Dragon rebelle, etc., n’est pas non plus de ce temps. La langue enfin du livre de Job a une fermeté, une beauté qu’on chercherait vainement dans les écrits d’un âge où la langue hébraï-

  1. Voir p. 17, 18, 142, 143, 165 et suiv. de la traduction.
  2. Prov., ch. XXX.