Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/82

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et les tua. Puis on eût cherché dans ce récit, interprété avec une latitude indéfinie, une matière pour des drames, des allégories, des compositions littéraires de toute espèce. Chez les Hébreux, ces hardies images ne dépassent jamais la métaphore. Le Dieu unique étouffait dans leur germe ces fantastiques créations qui, ailleurs, sortaient par flots d’une langue pleine de vie, fécondée par une imagination que ne limitait aucun dogme. Quand on a bien pénétré le génie des langues ariennes primitives, on voit que, par l’essence même de ces langues, chacun de leurs mots renfermait un mythe, et que chaque élément de la nature extérieure était inévitablement destiné à devenir pour les peuples qui les parlaient une divinité[1]. Les phénomènes météorologiques surtout, qui jouent un rôle si capital dans les religions primitives, parce que dans

  1. Voir l’opuscule de M. Max Müller, intitulé : Comparative Mythology, traduit en partie dans la Revue germanique, juin et juillet 1808.