Inutile de dire qu’on ne chercherait pas moins vainement dans cet antique poëme une trace de la grande idée grecque, née en Ionie et appelée à devenir dans les temps modernes la base de toute philosophie, l’idée des lois de la nature. Tout y est miracle. Tout y respire cette admiration facile, heureux don de l’enfance, qui peuple le monde de merveilles et d’enchantements. Thaïes et Héraclite, un ou deux siècles après l’auteur du poëme de Job, auraient déjà souri des naïves questions par lesquelles Jéhovah croit réduire au silence les prétentions de l’homme à connaître les lois du monde. Nulle part on ne sent plus vivement qu’ici la diversité du génie arien et du génie sémitique ; le premier, étant prédestiné, par sa conception primitive de la nature et par la forme même de son langage, au polythéisme, à la mythologie, à la métaphysique, à la physique ; l’autre étant condamné à ne jamais sortir de l’aride et grandiose simplicité du monothéisme. De nos jours, les musulmans n’ont pas