Page:Ernest Renan - Le livre de Job, Calmann-Levy, 1860.djvu/98

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sommes habitués à envisager comme la base de toute croyance religieuse. Mais c’est en cela même qu’apparaît la grandeur d’Israël. Israël a mieux fait que d’inventer pour satisfaire son imagination un clair système de récompenses et de peines futures ; il a trouvé la vraie solution des grandes âmes ; il a tranché résolument le nœud qu’il ne pouvait démêler. Il l’a tranché par l’action, par la poursuite obstinée de son idée, par la plus vaste ambition qui jamais ait rempli le cœur d’un peuple. Il est des problèmes que l’on ne résout pas, mais que l’on franchit. Celui de la destinée humaine est de ce nombre. Ceux-là périssent qui s’y arrêtent. Ceux-là seuls arrivent à trouver le secret de la vie qui savent étouffer leur tristesse intérieure, se passer d’espérances, faire taire ces doutes énervants où ne s’arrêtent que les âmes faibles et les époques fatiguées. Qu’importe la récompense, quand l’œuvre est si belle qu’elle renferme en elle-même les promesses de l’infini ?