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BIOGRAPHIE ET CORRESPONDANCE

XX

À Jean Craton de Kraftheim.


S. P. — La mort du généreux Jean Rediger a augmenté extrêmement ma douleur, en raison de l’amitié que je porte à toute cette famille. Mais surtout l’affliction de Thomas m’émeut, parce que je sais que la perte d’un frère, avec lequel il était si tendrement lié, le frappera vivement. Je lui ai écrit une lettre, non pour le consoler, car il ne m’appartient pas de lui donner des consolations, mais pleine de lamentations. Et, dans nos affaires désespérées, qui ne déplorerait l’état si malheureux de ce pays ? Hélas ! une autre affaire privée m’afflige et ne me permet de recevoir moi-même aucune consolation : c’est le supplice de mon vieil oncle, déjà septuagénaire, et la confiscation de tous ses biens. La considération qui s’attachait à l’âge de ce vieillard n’a pas ému ces hommes sanguinaires, pas plus que les services qu’il avait rendus à la chose publique, ni même la commisération que l’on devait avoir pour sa femme et ses enfants. Une seule chose me console, c’est qu’il a été traîné au supplice, non pas pour un crime, mais pour la défense de l’Évangile du Fils de Dieu et la constance de sa foi. Mais c’est assez de lamentations.

Je me réjouis dans l’âme de ce que tu as triomphé de la maladie.

Pendant l’absence du typographe, parti pour la Foire de Francfort, mon Epitome avait commencé à être composé ; mais le travail en fut interrompu par suite des troubles, et plus négligemment soigné, l’avouerai-je, à cause de mon absence. Toutes les quatre parties, hors les deux dernières, me furent envoyées, afin que je pusse les corriger, s’il s’y trouvait quelques fautes. Mais cela s’est fait trop tardivement, et j’ai été obligé de rejeter les corrections à la fin du petit Livre,. Aussitôt qu’il y aura un exem-