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ils savent s’unir et, par le refus du travail et la menace latente ou explicite de la révolte, imposer que les patrons les respectent, là ils sont traités d’une manière relativement supportable. Ainsi, on peut dire que, dans une certaine mesure, le salaire est ce que l’ouvrier exige, non en tant qu’individu, mais en tant que classe.

En luttant, donc, en résistant aux patrons, les salariés peuvent s’opposer, jusqu’à un certain point, à l’aggravation de leur situation ; et même, obtenir des améliorations réelles. L’histoire du mouvement ouvrier a déjà démontré cette vérité.

Il ne faut cependant pas exagérer la portée de ces luttes entre exploités et exploiteurs sur le terrain exclusivement économique. Les classes dirigeantes peuvent céder, et cèdent souvent, aux exigences ouvrières énergiquement exprimées, tant qu’elles ne sont pas trop grandes. Mais quand les salariés commencent — et il est urgent qu’ils le fassent — à réclamer des augmentations telles qu’elles absorberaient tout le profit patronal et constitueraient ainsi une expropriation indirecte, il est certain que les patrons feraient appel au gouvernement et chercheraient à ramener par la violence les ouvriers aux conditions de tous les esclaves salariés.

Et avant, bien avant que les ouvriers puissent prétendre à recevoir en compensation de leur travail, l’équivalent de tout ce qu’ils ont produit,

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