Page:Errico Malatesta, Articles politiques, 1979 (extraits).djvu/46

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que nous pourrons remplacer. Si au contraire nous sommes désorganisés, quelqu'un qui a suffisamment d'esprit d'entreprise fera le journal pour son propre compte : il trouvera parmi nous les correspondants, les distributeurs, les abonnés, et nous fera servir ses desseins, sans que nous le sachions ou le voulions. Et nous, comme c'est souvent arrivé, accepterons ou soutiendrons ce journal, même s'il ne nous plaît pas, même si nous pensons qu'il est nuisible à la Cause, parce que nous serons incapables d'en faire un qui représente mieux nos idées.

De sorte que l'organisation, loin de créer l'autorité, est le seul remède contre elle et le seul moyen pour que chacun de nous s'habitue à prendre une part active et consciente dans le travail collectif, et cesse d'être un instrument passif entre les mains des chefs.

Si rien ne se fait et s'il y a inaction, alors certes il n'y aura ni chef ni troupeau, ni commandant ni commandés, mais alors la propagande, le mouvement, et même la discussion sur l'organisation, cesseront, ce qui, espérons-le, n'est l'idéal de personne...

Mais une organisation, dit-on, suppose l'obligation de coordonner sa propre action, celle des autres, donc de violer la liberté, de supprimer l'initiative. Il nous semble que ce qui vraiment enlève la liberté et rend impossible l'initiative, c'est l'isolement qui rend impuissant. La liberté n'est pas un droit abstrait, mais la possibilité de faire une chose. Cela est vrai pour nous comme pour