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Des sources du droit positif

que les nations ont pris les développements qui se manifestent chaque jour sous nos yeux , depuis que les Etats possèdent des constitutions qui ont organisé avec précision la machine législative, devons-nous encore admettre que le Droit positif puisse avoir une autre source que la volonté expresse du législateur, que le Droit coutumier puisse l’emporter sur le Droit positif ?. .. C’est rester en arrière que de persister, comme le fait une célèbre école d’Allemagne, a prétendre que la coutume est la source la plus parfaite du Droit positif et qu’elle a la puissance d’abroger la loi écrite. Cette thèse a été soutenue avec habileté dans une polémique dont l’Europe savante a retenti jusque dans ces derniers temps , et qui n’est point encore épuisée. V^oici dans quelles circonstances. La codification française avait été, de la part des nations étrangères , un objet d’admiration et d’envie. En 1814, Thibaut, professeur à l’université de Heidelberg, écrivit sa brochure : Uber die Nothwendigkeit eines aUgemeinen burgerlichen Gesetzbuches fur Deutschland , et prouva que la codification serait un bienfait pour l’Allemagne. M. de Savigny soutint le contraire dans son opuscule Vom Beruf iinserer Zeit fur Gesetzgebung und Wissenschaft, ingénieux paradoxe, entremêlé de satires contre le Code Napoléon et contre les rédacteurs de ce chef-d’œuvre. Cette polémique n’était pas sans antécédents : déjà Bentham , en Angleterre, avait émis l’opinion reproduite par Thibaut, et Hugo avait préludé à la thèse soutenue par M. de Savigny. Cette controverse continua en Angleterre : James Humphreys plaida en 1816 la cause de la codiiîcation anglaise, et eut pour adversaire Purton Cooper, dont l’ouvrage a été traduit en français sous le titre de : Lettres sur la cour de chancellerie. Paris , 1830. La discussion dure encore en Allemagne ; elle y a produit en dernier lieu, en 1848, à lena, l’ouvrage de M. de Wydenbrugk : Briefeûber deutsche nationalgesetzgebung.

En quoi consiste la thèse principale de M. de Savigny et de ses adhérents qui forment l’école dite historique ? — Elle consiste à soutenir que le Droit n’est pas, chez un peuple, une création volontaire de l’homme ou de la société, mais un pro-