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68 FABLES D'ESOPE
« Mere, sachez que n'estes riens au pris De ce grand Bœuf, pour vous y comparer, » Ce nonobstant la Grenoille s'enfla Et d'ung despit contre le Bœuf soufla. Son filz luy diet : « Mere, vous crèverez. Et de ce Bœuf victrice ne serez. » Mais à ce mot de plus en plus ronfla^
Par fier desdaing et ire, qui surmonte Le jugement et aveugle la honte. Enfla son ventre, et sur piedz se leva; Mais tout soubdain par le meilleu creva. A ce moyen fut bien loing de son compte.
On void cela bien souvent advenir Que le petit qui se veult maintenir Comme les grands, toute honte et dommaige Tumbe sur luy à son desavantaige. Et à bon droict meschef luy peuli venir.
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