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êtes entré. En conséquence, les frères ont suspendu leurs conférences ainsi que la manifestation de leur communion avec vous par la fraction du pain, jusqu’à l’entière solution de la question par les frères de l’assemblée d’Aigle. »

Je parle de contrainte exercée sur l’assemblée. La plupart des frères se taisaient, car, étant présent moi-même, je sais quelle était la valeur de ce blâme. Sans doute les frères, par leur silence ont consenti. Je n’accuse personne de mensonge. Ce blâme a été si peu unanime, que, quelques semaines plus tard, lors de la retraite de quelques frères, on m’écrivit les lignes suivantes : « Puis, comme nous estimons qu’il en résulte que la première lettre que nous vous avons adressée sous date du 18 juin ne peut plus, non plus, être envisagée comme ayant été l’expression vraie et suffisamment claire de la pensée de l’assemblée, qui d’ailleurs n’avait déjà pas été unanime alors, nous avons décidé d’annuler complétement ces deux lettres des 18 et 29 juin dernier, en sorte que vous n’êtes sous le poids d’aucun jugement quelconque prononcé par l’assemblée contre vous. »

Je ne fus pas présent à l’assemblée quand cette dernière décision fut prise, comme aussi je ne l’avais provoquée en aucune manière. Mais ces faits montrent clairement ce qui arrive quand on veut forcer une assemblée d’adopter une ligne de marche qui est contraire à ses convictions. Des inconséquences, des apparences de mensonge viennent toujours à la suite de pareilles tentatives. Les frères d’Aigle se souviendront de l’incident suivant, qui vous fera comprendre plus clairement les choses bizarres et anormales qui ont toujours accompagné cette discipline. Pendant mon premier séjour à Cannes, un jeune frère anglais, aimable et réellement pieux, mais imbu du système de discipline qui nous occupe, vint séjourner aussi dans cette ville. Il vint me trouver, et pour être vrai avec lui, je l’informai de ce qui se passait dans l’assemblée. Je le reçus comme chrétien de tout mon cœur, malgré son absence des assemblées de culte à cause de la présence de M. Berger. Il logea chez nous pendant quinze jours ou trois semaines, assista au culte de famille avec bonheur, m’accompagna dans mes visites de malades, enfin nous fûmes fort heureux en semble. Lui de son côté sentait que le lien qui nous unissait était celui du Seigneur et du Saint-Esprit, et moi de mon côté je n’avais nul désir de lui imputer l’inconséquence de ses actes, voyant en lui une âme chère à Christ. Il nous quitta avant notre départ de Cannes, voyagea en Italie, puis arriva à Aigle pendant les débats dont nous parlons. Quoique je fusse déjà accusé par l’assemblée de parti-