Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/185

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

riches en proportion de leurs facultés. Nous ne voulons point violer les propriétés. Mais quelle est la propriété la plus sacrée ? C’est celle de l’existence. Nous voulons qu’on respecte cette propriété et qu’on donne du pain à tous les malheureux… Nous laisserons crier ceux qui ont plus de 100,000 livres de rente. Le bonheur public nous consolera de leurs clameurs. Nous dirons à ces hommes : « Convenez que nous sommes les plus nombreux et si vous ne poussez pas à la roue avec nous, nous prendrons vos propriétés, que nous partagerons avec les sansculottes. » Observez, citoyens, que je ne prêche pas ici la loi agraire. Si les riches ne veulent pas partager les bienfaits de notre révolution, ils cessent d’être membres de la grande famille ; ils ne sont plus propriétaires. La Convention a confisqué les biens des émigrés, parce qu’ils ne voulaient pas partager avec nous les périls de la Révolution. Les aristocrates rebelles à la voix du patriotisme (les riches), doivent être assimilés aux émigrés. » Le 5 septembre, maintenant qu’il est établi que ces prômenades sont sans danger, des députations de la Commune, Pache et Chaumette en tête, des députations des Jacobins et des sections, suivies d’une foule en armes, font irruption dans la Convention et lui énoncent les volontés du peuple. Il veut la formation d’une armée révolutionnaire qui pacourra les départements, « suivie d’un tribunal incorruptible et redoutable et de l’instrument fatal qui tranche d’un seul coup les complots et les jours de leurs auteurs. » Une discussion confuse suit cette proposition. Danton se lève et déclare qu’en effet il y a lieu de créer une armée révolutionnaire. Et il ajoute : — il a compris — « Elargissons… ces mesures ! Ce n’est pas assez d’une armée révolutionnaire ; soyez révolutionnaires vous-mêmes ! Les hommes industrieux qui vivent du produit de leurs sueurs ne peuvent aller aux séances des sections : décrétez que