Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/187

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ont une part privilégiée dans les distributions de vivres. L’Etat est le grand entrepreneur des transports et des approvisionnements ; il fait d’énormes sacrifices pour l’alimentation ; de la capitale (110 millions en une fois) et accorde des subventions opulentes aux comités, aux sociétés populaires et à leurs chefs. C’est un système, et il est en vigueur dans toutes les grandes villeis. Depuis le mois d’avril une taxe a été établie sur les riches dans toutes les communes afin de proportionner aux salaires le prix du pain, et une autre taxe a été levée sur les mêmes riches pour rétribuer des compagnies de sans-culottes. Le mot de Saint-Just devient une vérité : « Les malheureux sont les puissances de la terre. » Nous assistons à l’apothéose du sans-culotte comme il ne fait que de la politique et vit au jour le jour, loin des affaires, il est vertueux ; il a les poches garnies, se nourrit aussi bien que possible, est omnipotent et exige qu’on le traite avec respect. Légalité triomphe. Le riche ne touche plus aucun de ses revenus ; eût-il de l’argent caché, il ne peut se procurer du pain et de la viande qu’en faisant queue comme le pauvre à la porte du boulanger et du boucher. En réalité il est pauvre. Comme l’Etat est le dispensateur de tous les moyens d'existence et que l’Etat c’est l’ensemble des sans-culottes, le modéré, l’aristocrate, l’homme qui n’assiste pas aux séances des sections ne peut obtenir aucune des choses indispensables à la vie et la permission même de vivre, étant méchant et criminel, qu’en sollicitant un certificat de civisme ; et pour avoir ce certificat, il faut qu’il aille au comité, qu’il se soumette au bon plaisir des autorités révolutionnaires, qu’il prie des hommes de néant, maintenant souverains.

    vant faire autre chose, ils seraient morts de faim. De même pour le personnel des prisons et pour tous les parasites du système.