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battre monnaie sur la place de la Révolution, et en disant qu’Amar tenait le balancier. Il avait été chargé d’une mission dans l’Isère et n’avait pas eu le temps de mettre ses menaces à exécution. À Paris, comme membre du Comité de sûreté générale, il étonna par sa soif de meurtres les employés du tribunal révolutionnaire. Un greffier de ce tribunal nous renseigne sur le genre d’intérêt que lui et Vadier portaient à ses travaux. « J’ai vu, dit ce greffier, Amar, Vadier, Voulland et Jagot visiter souvent l’accusateur public et lui recommander de mettre en jugement tels et tels qu’ils désignaient. Je ne doute pas que le tribunal n’ait été influencé d’une manière terrible par les sus-nommés[1]. » Le 5 thermidor, « Amar et Voulland se rendirent à la prison des Madelonnettes où se trouvaient la plus grande partie des conventionnels arrêtés à la suite du 31 mai. Là, Amar, qui avait le plus travaillé à leur proscription, versa des larmes sur leur sort. Il a blâmé les administrateurs de police qui avaient l’audace de maltraiter les représentants du peuple. Mais en sortant de la prison, il a essuyé ses larmes et recommandé aux dits administrateurs de ne tenir aucun compte des observations qu’il avait dû faire[2]. » Sa signature se trouve avec celle de Robespierre au bas d’une liste de 118 individus envoyés par une commission populaire au redoutable tribunal. Il a pris une part active au renversement de Robespierre il ne s’en console pas. « En développant ces idées (les idées socialistes), on parla souvent, nous raconte Buonarroti, des philosophes et surtout des hommes de la Révolution qui en avaient reconnu la justice. De ce nombre était Robespierre et ses compagnons de martyre, qui, aux yeux de ceux dont je viens

  1. Louis Blanc, Histoire de la Révolution, volume XI, in-8º, p. 120.
  2. D’Héricault, La Révolution de Thermidor, P, 344.