Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/387

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Vous oubliez de rappeler à la France les innombrables trahisons qui firent périr des millions de citoyens ; vous oubliez de lui parler des progrès effrayants de la guerre de Vendée, de la livraison de nos places frontières, de la défection de Dumouriez et de la protection révoltante qu’il trouva jusqu’au sein de la Convention nationale ; vous oubliez de rappeler les cruautés inouïes par lesquelles les féroces Vendéens déchiraient par lambeaux et faisaient expirer au milieu des tourments les plus raffinés, les défenseurs de la patrie et tous ceux qui gardaient quelque attachement à la République. Si vous évoquez les mânes des victimes d’une déplorable sévérité, amenée par les dangers toujours croissants de la patrie, nous exhumerons les cadavres des Français égorgés par les contre-révolutionnaires à Montauban, à Nancy, au Champde-Mars, dans la Vendée, à Lyon, à Marseille, à Toulon nous éveillerons les ombres d’un millier de républicains moissonnés aux frontières par les partisans de la tyrannie, conspirant sans cesse pour elle au sein même de la France ; nous mettrons en balance le sang que vos amis ont fait couler par leurs froids calculs avec celui que les patriotes ont versé à regret dans l’emportement de la défense et dans l’exaltation de l’amour de la liberté. Estce nous ou la liberté que les accusateurs nationaux sont chargés de poursuivre ?… » Babeuf de son côté disait : « Ce procès est celui de la révolution française de sa décision dépendra le sort de la République. » La masse du peuple était royalisée. Elle détestait la République. Pourquoi ? C’est qu’elle souffrait. Nous avons fait briller à ses yeux les grands espoirs de 89 et de 92. Nous lui avons promis le bonheur, seul but de la révolution. Ainsi nous l’avons rattachée à la révolution et à la République. Voilà pourquoi nous sommes accusés. Nous sommes les premières victimes du royalisme. « Le royalisme veille à