Page:Espinas - La Philosophie sociale du XVIIIe siècle et la Révolution.djvu/86

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nement l’angoisse d’avoir à la retenir sur la pente de son déclin ; bref, la tâche qui est la nôtre, comme membres d’une société, n’est pas d’en finir une bonne fois avec l’ignorance, la misère, le vice, l’oppression et la révolte ; c’est de combattre pied à pied, incessamment, sans fin, pour atténuer ces causes de division et de destruction dans le corps social auquel nous appartenons, et d’abord en nous-mêmes.

L’homogénéité du temps et de l’espace est le fondement de toute science et le postulat de toute activité éclairée par la science. Ne ressemblons pas à ces hommes d’autrefois qui espéraient ou redoutaient, à chaque moment, quelque chose d’inouï et de miraculeux. Quand Christophe Colomb partit pour les Indes, il s’attendait, avec tous les hommes de son équipage, à trouver de nouvelles terres, de nouveaux cieux, des plantes et des animaux qui ne ressembleraient en rien aux plantes et aux animaux de l’ancien monde. Il fut surpris de voir que tout rentrait dans les formes générales déjà connues des navigateurs. Si vous partez à la découverte d’un nouveau monde politique et social, épargnez-vous une déception un peu humiliante pour un voyageur du xixe siècle, qui croit procéder en tout scientifiquement et sachez que ce nouveau monde ne peut naître que d’une transformation graduelle du monde présent.