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Si dans ce lieu d’exil, un triste souvenir
De ton pays natal venait t’entretenir ;
Si tu pouvais sentir, sous ton écorce amère,
Ce que mon ame sombre épuise de douleurs :
Comme moi maintenant, sur la rive étrangère,
Palmier, tu verserais des pleurs.

Un éternel printemps couronne ton feuillage,
Et moi je défleuris au printemps de mon âge ;
Une eau pure t’arrose, et tes rameaux flottans
Sentent frémir sur eux la brise fortunée…
Hélas ! combien de fois, au souffle des autans
Ma tête à moi s’est inclinée !

Aux rives de l’Euphrate, aux champs semés de fleurs,
Seul, j’allais vers le soir promener mes douleurs ;
Sous les palmiers déserts je répandais des larmes ;
Mais ni les verts palmiers, où j’aimais à venir,
Ni les monts adorés, témoins de mes alarmes,
N’ont conservé mon souvenir.

Toi seul tu m’es resté du pays de mes pères ;
J’aime à venir rêver, sous tes rameaux prospères,