Page:Esquiros - Les Hirondelles, 1834.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 229 —

Cependant sur les flots la nuit mélancolique
Descendit de son char au coursier symbolique :
La lune dans les cieux s’avançait à grands pas :
La brise soupira comme une douce harpe,
L’aube laissa sur l’eau flotter sa blanche écharpe,
Mais le guerrier ne revint pas.

Nohémi se penchait sur les vagues d’opale,
La lune d’un rayon argentait son front pâle,
Des larmes dans les flots tombaient de ses beaux yeux,
Ses tresses sur son cou gémissaient débouclées.
Et le vent, caressant ses lèvres désolées,
Emportait sa prière aux cieux.

Dans le temple pourtant les cierges saints s’allument,
Sous les doigts d’un enfant la cire et l’encens fument :
Le prêtre est à l’autel qui murmure des mots :
Les vierges sur deux rangs suivent une bannière,
Et des voix, cadençant leur ardente prière,
Réveillent les pieux échos.

Où donc est Nohémi ?… Pâle comme l’aurore,
Mains jointes sur son sein qu’un rayon du ciel dore,
Elle paraît ; des pleurs tremblent dans ses yeux bleux,
Son front près de l’autel s’incline sans murmure,
Et sous le fer tranchant sa longue chevelure
Retombe en anneaux onduleux.