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Son amant, dans la nuit, l’a surprise infidèle ;
Depuis, pour la punir, il a détourné d’elle
Son cœur une fois soulevé :
Mais elle, le cherchant dans les places publiques,
Roulant des pleurs de rage et des regards obliques,
En vain fatigue le pavé.

Ses ongles ont meurtri sa poitrine d’ivoire ;
Ses cheveux ont blanchi ; sa guirlande de gloire
S’effeuille sous les pieds humains ;
Elle est folle, et pareille à l’antique bacchante
Qui, le front couronné d’ache vert et d’acanthe,
Jouait avec du sang aux mains ;

Elle frappe les murs de sa tête ; sans trêve
Sur la fange en hurlant se roule ; se relève
Avec des rires inconnus ;
Puis, ouvrant ses deux bras, découvrant son sein tiède,
Entraîne malgré lui le passant qu’elle obsède
Et le couche sur ses flancs nus.

Les baisers ont froissé sa bouche violette,
Des bras lascifs, jouant sur son corps qui halète,
Le meurtrissent d’embrassemens ;
Le regard dans ses yeux s’éclipse ; ses mamelles
Pendent en se gonflant sous ses désirs femelles,
Et sortent de ses vêtemens.