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mère à Virgile. Plus haut je ne connais qu’une seule chose, c’est la Bible. Voici, selon nous, la progression des œuvres littéraires en trois échelons : un homme, l’humanité, Dieu.

Il résulte de ce qui a été dit plus haut, que tous les sujets sont poétiques, sinon en eux-mêmes, au moins dans l’imagination du poète. Le poète est l’image du monde, et le plus beau concert est celui de la nature. Prêtez l’oreille au bruit des astres qui roulent dans le ciel et à l’insecte qui bourdonne sous un brin d’herbe, l’Océan avec sa voix orageuse sert de basse-taille, la foudre l’accompagne, les rossignols au chant brillant et mélodieux tiennent le dessus, c’est un concours de mélodies brisées l’une dans l’autre, répercutées, fuselées, épanouies, pantelantes, ivres d’allégresse ou de délire, et dont l’ensemble est sublime. Hé bien, le poète est tout cela. Il doit être à la fois aigle et hirondelle, rocher et précipice, montagne et vallée, fleur et insecte, source et grand fleuve, génie et fée, satan et Dieu.

Mais à quoi bon insister sur ces questions, puisque nous avons dit qu’on ne nous lirait pas et que notre voix n’est ni assez grave ni assez puissante pour soulever d’une manière sonore de si