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Et puis, j’aime à me croire un magique trouvère,
Charmant, par ses accords, la dame peu sévère ;
Pour elle enlaçant ses couplets ;
Mariant la musique avec la poésie,
Et dans l’ombre à travers la verte jalousie,
Lui glissant de furtifs billets.

Quand, dans les souterrains, notre lampe docile
Jette sur les murs noirs sa clarté qui vacille ;
Quand on soulève les verroux,
Je crois entendre encor la voix d’une captive,
Ou d’un vieillard en pleurs, pour qui la mort arrive,
Qui crie : ayez pitié de nous !
 
Ce ne sont cependant que ces châteaux gothiques
Qu’on peut peupler ainsi d’images fantastiques ;
Les ombres des grands chevaliers
Viennent errer, la nuit, sur leur front solitaire,
Et de vieux souvenirs planent avec mystère
Près de leurs gothiques piliers.

II



Qui donc a sur ton front mis ces voiles funèbres,
Pourquoi ce long silence habitant sous les tours,
Ces vitres sans lumière au milieu des ténèbres,
Ces coursiers oubliés, et naguère célèbres,
Cette herbe qui croît dans tes cours ?