Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/101

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Derrière ce conflit d’opinions, ce tumulte d’amours propres et cet orage académique, se leva encore la tête calme et sévère de Gœthe, qui prit parti pour la doctrine soutenue en France par M. Geoffroy, et dans laquelle il s’était lui-même exercé. L’intervention de Goethe pourra sembler singulière à ceux qui ne voient dans ce grand esprit que l’auteur de Faust ; mais, après tout, la poésie ne gâte rien aux autres dons de la nature, et de nombreux mémoires sur la science, naguère traduits et publiés en France par le docteur Martins, montrent que Goethe était très loin d’être étranger aux études anatomiques. Ce n’en est pas moins un beau sujet d’orgueil pour notre pays que celui du premier génie de l’Allemagne abaissant son sceptre d’or devant les vues philosophiques d’Étienne Geoffroy Saint-Hilaire, et proclamant dans le monde selon l’oracle de Daubenton, la zoologie une science française. Que sont les conquêtes de la force devant la pensée infatigable de ce naturaliste, allant rencontrer à l’étranger celle de Goethe, et soumettant par la conviction cette vieille Germanie que le glaive de César et de Bonaparte avait mal vaincue ?

En France, Geoffroy fut encouragé dans sa lutte contre Cuvier par les hommes d’avenir. Tous saluaient dans ce génie précurseur le noble et fécond avènement d’un principe pour lequel la révolution a combattu plus d’un demi-siècle, pour lequel nous combattons encore en philosophie, en religion, en politique, et qu’il s’efforçait d’introduire dans la science, l’unité. En vain lui faisait-on un crime, dans ces discussions publiques et animées, de ne pas suivre le