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noble conformité de ses travaux ; M. Edgar Quinet, au nom de la génération nouvelle, ont fait entendre tour-à-tour des paroles scientifiques, religieuses, éclatantes. Quelque chose aurait manqué à cette cérémonie funèbre, si Lakanal n’y eût été : ce vieillard plus qu’octogénaire s’est avancé à son tour sur cette tombe qui allait se fermer pour jamais. Tout le monde a senti un frémissement de cœur en voyant un des derniers membres survivans de la Convention ouvrir la bouche pour rappeler, en termes d’une simplicité antique, qu’il y avait eu cinquante ans, ce même mois de juin, que, sur son rapport, le jeune Geoffroy, alors âgé de vingt-et-un ans, avait été nommé professeur au Muséum d’histoire naturelle. Le vieillard, dans ce moment-là, n’était même plus un homme ; c’était la Convention elle-même, cette sombre et grande assemblée dont l’histoire nous fait pâlir, qui venait assister aux obsèques d’un de ses enfans dans la science, et lui dire au couronnement de ses travaux : « Je suis contente de toi ! »

Quand un homme comme Geoffroy Saint-Hilaire meurt, l’imagination a besoin de se porter sur la partie immortelle de ses œuvres. Ce célèbre naturaliste laisse un grand nombre de mémoires sur l’anatomie philosophique, plus ou moins réunis en volumes, une histoire naturelle des mammifères, et d’autres ouvrages considérables : il y a sans doute dans ces écrits des travaux qui ne sont point achevés, des vues confuses et enveloppées que l’avenir dégagera ; mais, tels qu’ils sont, ils se soutiennent majestueusement devant la postérité par des proportions grandes et har-