Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/126

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deux élémens devait tendre à s’effacer dans la succession des croyances religieuses. Si nous retrouvons plus tard le sel entre les mains des prêtres de la chrétienté, c’est plutôt comme un symbole de paix, que comme un objet d’anathème et de courroux. Tout annonce de loin un rapprochement entre ces deux grandes puissances, anciennement hostiles, la terre et l’eau. La configuration du monde étant fixée, les hommes ont quitté cet effroi puéril qui leur rendait l’Océan si odieux. De nos jours l’industrie arrive, aidée de la vapeur, qui signe désormais entre les deux élémens réconciliés un véritable traité d’alliance.

Si de telles recherches n’étaient étrangères à l’histoire positive de la géologie, nous montrerions que les anciennes religions de la nature consacrent de la sorte, à chaque instant, dans leurs symboles ténébreux, les transformations non moins obscures du globe terrestre. Quittons, au reste, les âges hypothétiques de la science, et arrivons tout de suite à la géologie expérimentale ; Je vais choisir seulement quelques noms d’hommes qui marquent des époques : Bernard de Palissy, ce simple potier de terre, qui sut être un grand artiste, déduisit de l’observation des coquilles fossiles, un petit nombre de conséquences, tout-à-fait extraordinaires pour son siècle, et pouvant servir à esquisser l’origine des choses. Linné, cette étoile du nord, qui jeta sur toute l’histoire naturelle une clarté prudente, croyait notre globe le résultat de couches déposées successivement les unes sur les autres par une mer universelle, dont la retraite graduelle a mis à découvert nos continents. Au milieu de