Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/142

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

est certain que ces modificateurs ambians n’auraient point agi sur les individus formés, mais sur l’embryon. En a-t-il été ainsi ? Derrière cette question encore douteuse se cache toute une philosophie naturelle. Bornons-nous pour l’instant à voir ce qui est assurément ; or, ce qui est, nous l’avons dit, rentre dans les lois de la formation embryogénique. La force productive n’a pas été un instant stationnaire sur le globe. Comment ne pas admirer l’esprit révolutionnaire de la nature, qui proportionne sans cesse les changemens aux besoins nouveaux de la création. Le travail de la destruction se montre ici non moins fécond que le travail de la renaissance, puisqu’il le prépare et le rend possible. Chacune de ces époques antédiluviennes qu’une catastrophe termine, après une durée plus ou moins longue, entraîne dans sa chute un monde complet, dont tous les congénères végétaux et animaux étaient, entre eux, dans une complète harmonie.

Entre ces temps de grossesse, durant lesquels l’acte de la création marche, pour ainsi dire, à pas de géant, s’étendent des intervalles, des repos, des entractes. Une série de divisions imprimées dans l’organisation profonde des êtres vivans, marque ces époques fermées. Une clôture, dont la trace persiste encore dans les caractères spécifiques du règne animal, s’élève après chaque ordre de choses détruites. Les limites, plus ou moins infranchissables, qui séparent maintenant entre elles les familles du règne animal, ne sont. en effet, dans l’ordre chronologique de la création que les barrières entre un monde et un autre monde ;