un instant à la vie que pour la perdre et pour s’anéantir de nouveau. Il faut donc reconnaître que de vastes changemens se sont accomplis durant la marche des siècles sur le monde, et que la vie, dans la variété de ses formes, n’a fait que suivre ce mouvement universel. Parmi les animaux soumis à l’influence continuellement variable des milieux ambians, les uns opposent, par la force même de leur organisation, une résistance invincible à tous changemens ; ceux-là périssent : nous retrouvons chaque jour dans la terre leurs dépouilles enfouies qui nous étonnent. Les autres, moins rebelles par nature à ces renouvellemens du monde extérieur, finissent par s’y accommoder et se maintiennent, moyennant quelques concessions de formes, d’une époque à l’autre ; anciens et nouveaux habitans de la terre, dont ils ont traversé les révolutions sans y laisser leur existence.
Le moment est venu de nous faire une idée de l’état du monde primitif sous le règne de ces étonnants reptiles dont nous avons devant les yeux les débris. Leur succession ressemble à la généalogie de ces despotes qui continuent l’un après l’autre, dans les anciennes histoires, le gouvernement d’un royaume. D’abord, c’est l’icthiosaure qui se montre sur la terre effrayée ; son avènement a dû être quelque chose de terrible et de prodigieux. Il sort comme un géant océanique de l’abîme ou les événemens avaient englouti la première manifestation des êtres créés. Quel animal ce fut que l’icthiosaure ! Il faut voir ce monstrueux reptile pour croire et son existence. La nature a eu, comme l’humanité, ses âges fabuleux ; il semble