Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/179

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n’en constate aucune entre l’ostéologie du cheval et celle de l’âne. Les influences extérieures ont dû surtout attaquer la surface de ces animaux détruits, pour leur imprimer des caractères singuliers de tégumens et de formes apparentes. C’est ainsi que le rhinocéros découvert au bord du Wilhoui, en 1770, est sorti de la glace avec une fourrure aux pieds, tandis que rien de pareil ne se rencontre sur les rhinocéros vivans des Indes et du Cap. Cette ligne bien tranchée, qui sépare les deux zoologies, nous entraîne nécessairement à imaginer, durant toute l’ère antédiluvienne un monde tout entier très différent du nôtre, soumis à d’autres conditions, et n’ayant pu être ramené à l’état du monde actuel que par des causes lentes, continues, suivies d’un grand et subit événement.

L’événement qui termine l’ancienne histoire de la terre a pris dans toutes les traditions le nom de déluge. Un grand géologue, M. Élie de Beaumont, a cherché les causes de cette vaste inondation, dont la Genèse et d’autres monumens historiques ont consacré le souvenir. Il a cru la trouver dans le soulèvement de la chaîne des Andes, qui traverse toute la longueur de l’Amérique méridionale du nord au sud. On conçoit en effet que l’enfantement d’une telle masse ait pu tout d’abord imprimer aux eaux de la mer une agitation suffisante pour que ces eaux vinssent envahir les autres continents. Alors, les bassins du grand abîme furent détruits ; les réservoirs de l’espace furent ouverts, et le déluge, décrit par Moise, s’étendit avec violence sur le vieux monde condamné. Les forêts furent ensevelies, et avec elles leurs nombreux habitans.