Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/186

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Avant de sortir de ce musée, ou, si vous aimez mieux, de ce monde antédiluvien, dont nous venons de parcourir les siècles en quelques instans, nous rencontrons à la porte une dernière question qui se dresse devant nous avec autorité. Le monde dans lequel nous allons remettre nos pas, diffère-t-il absolument de celui dont nous venons de heurter les débris, et sur lequel retombe déjà le voile de poussière un instant soulevé ? Cuvier, l’homme des étonnemens et des anomalies, voyait dans la marche révolutionnaire de la nature, qui a précédé le déluge, l’action de causes et de moyens qui n’existent plus. Suivant lui, le mouvement général du monde avait brusquement changé. Cette opinion n’est plus aujourd’hui admissible. Pour peu qu’on y réfléchisse, on reconnaît que l’ordre ancien a laissé dans l’ordre nouveau des traces profondes. De même que pendant l’enfance se manifestent chez l’homme des phénomènes nombreux qui ne se remontrent plus ensuite, nous pouvons comprendre aisément un âge où le monde était agité par des causes qui ont ralenti leur action, sans que pour cela la marche et les lois générales de la vie soient renversées. Tout porte au contraire à voir dans les anciens mondes le commencement d’un état de choses dont nous avons sous les yeux la suite calme et reposée. Au-dessus des ravages, des déplacemens et des révolutions qui ont troublé les conditions et les formes de l’existence, durant les vieilles époques séculaires, tout ce qui intéresse les lois fondamentales de la nature, tout ce qui s’élève à une hauteur philosophique, est resté immuable. Si même nous jetons