saisis sans délai par le ministère des officiers de police, et conduits au Jardin des Plantes, où après estimation de leur valeur et indemnité donnée aux propriétaires, on les établirait à demeure. Cependant les professeurs du Jardin des Plantes n’avaient reçu aucun avis. L’arrêté avait été exécuté aussitôt que signé, et la première nouvelle en fut portée au jardin par les animaux eux-mêmes, qui, avec leurs gardiens, y affluaient de toutes parts sous la conduite des commissaires de police et de la force armée. M. Geoffroy Saint-Hilaire, alors fort jeune, et chargé au Jardin des Plantes de la zoologie et de l’administration des matériaux zoologiques, était tranquillement occupé dans son cabinet, quand on vint le prévenir de l’arrivée des étranges visiteurs qui assiégeaient sa porte. La circonstance n’était pas seulement singulière, elle était réellement difficile. Il était évident que le procureur général de la commune avait dépassé ses pouvoirs en ordonnant que ces animaux seraient conduits et nourris au Jardin des Plantes ; car le Jardin des Plantes relevait de l’état et non de la commune. Ce n’était pas le tout que de recevoir ces nouveaux hôtes, il fallait les payer et les nourrir, et sur quels fonds cette dépense se ferait-elle ! Les animaux auraient fort bien pu demeurer long-temps dans la rue, s’il avait fallu attendre pour leur ouvrir les portes du jardin que cette question eût été convenablement discutée, et finalement adoptée par les pouvoirs compétens. Mais M. Geoffroy en homme vif et actif eut bientôt pris son parti. Il donna ordre d’ouvrir les portes à l’attroupement, d’installer les
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