Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/198

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crédit demandé pour réparer les pertes de la ménagerie n’était que de 4,000 francs, il s’élève maintenant à la somme encore insignifiante de 7,000 francs, qui ne saurait couvrir les désastres fréquens, ni remplir les vides que la mort fait chaque jour dans les cages habitées par ces frileux prisonniers. Quel spectacle pourtant plus capable de relever notre nature que celui de ces redoutables captifs auxquels nous avons imposé un séjour et une patrie si contraires à leurs mœurs ! Quelle entrée plus digne de notre sujet, pour nous introduire dans cette série d’événemens marqués par la main de l’homme, qui composent l’histoire moderne du globe terrestre ! Les animaux que l’homme n’a pu attirer à lui par la douceur, il s’en est emparé par la force. De ce nombre sont ces terribles carnassiers qui peuplent les cages de la ménagerie. Quoique ces espèces sanguinaires résistent plus que les autres à l’éducation, elles n’ont pas laissé que de déposer dans notre commerce une partie de leur sauvage nature. Parmi les animaux féroces soumis aux regards du public ; un grand nombre ont abdiqué cette cruauté native qui a servi à les désigner ; si quelques autres ont repoussé toute société humaine, n’acceptant pour ainsi dire que les fers de leur vainqueur, cela tient moins encore à leur caractère indomptable qu’au peu de soin qu’on a pris de les adoucir. Le gardien qui, vivant dans l’intimité de ses hôtes, connaît mieux que tout autre leur naturel et l’empire exercé sur eux par l’éducation, croit volontiers que ces animaux changeraient leurs mœurs, si l’on s’occupait à les familiariser. Nous avons eu,