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la ménagerie.

en effet, que l’être intelligent se montre plus ou moins avancé, il imprime sur les animaux domestiques qui l’entourent la marque et pour ainsi dire le degré de son élévation morale. Nous voyons alors ces anciens hôtes des forêts, devenus les hôtes et les compagnons de la demeure de l’homme, ajouter leurs forces auxiliaires aux forces de leur maître, jusqu’à se faire au besoin les instrumens de la captivité de leur race.

Nous n’avons parlé jusqu’ici que des carnassiers, mais le chien n’est pas le seul ouvrage de l’homme. Si nous élargissons le théâtre de nos observations, si de l’enceinte de la ménagerie, nous rayonnons sur les parcs de verdure qui donnent l’hospitalité à un autre genre de captifs, aux animaux doux et herbivores, nous verrons surgir bien d’autres monumens de notre industrie sur la nature animale.

L’établissement de ces pachydermes, de ces ruminans, de ces solipèdes sur le terrain du Jardin des Plantes, doit, comme la ménagerie, son origine à un acte révolutionnaire. C’est du sein des forêts confisquées au profit de l’État, notamment du Rainci, domaine appartenant au duc d’Orléans, et saisi après sa mort, que sortirent, pour le Jardin des plantes, les premiers représentans des familles herbivores et pacifiques[1]. Ces animaux, dont les uns n’ont point ou

  1. Laissons encore parler sur la fondation de cette seconde ménagerie, M. Jean Reynaud : « Après la mort du duc d’Orléans, le Rainci avait été confisqué comme propriété nationale, et la chasse du parc avait été adjugée aux enchères à Merlin de Thionville et au marquis de Livry. Mais Cassous, qui exerçait les fonctions proconsulaires dans le département de Seine-et-Oise, cassant le marché, décida que le district de Gonesse ferait saisir dans le parc les bêtes fauves qui s’y trouveraient, pour les mettre à la disposition des