Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/258

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a demandé aux unes de satisfaire sa faim, aux autres de l’habiller. À d’autres encore de le servir. — L’instinct de l’alimentation étant chez l’homme une des forces les plus actives et les plus exigeantes, il a cherché avant tout dans les êtres vivans une nourriture, une proie. Les animaux domestiques alimentaires sont nombreux chez tous les peuples civilisés ; leur éducation est en outre l’objet d’études spéciales ; mais quelle éducation, grand Dieu ! L’homme, conseillé par ses besoins aveugles, n’écoutant que son estomac insatiable, a violé les lois de la beauté vis-à-vis de ces animaux pour en faire la matière de sa gloutonnerie ou de sa cupidité. La nature avait borné sagement l’appétit de chaque bête à sa conservation ; nous avons renversé cette limite. En les forçant en nourriture, pour jouir plus vite de leur mort, nous avons créé chez les hôtes de nos basses-cours une seconde faim ignoble, vorace, éternelle, qui a pour résultat de dégrader leurs formes primitives et d’avilir tous leurs instincts. Du sanglier, ce vaillant animal qui illustre les forêts, par son caractère martial, nous avons fait quelque chose de lourd, d’immonde, de stupide, qui n’a plus même de nom honnête dans notre langue. Dirons-nous, en outre, les procédés inouïs, les apprêts offensas dont un art cruellement raffiné se sert chaque jour pour accommoder toute la nature à la guise de notre sensualité ? Montrerons-nous l’homme mutilant les sexes pour obtenir dans ses volières un embonpoint artificiel, une chair plus exquise et plus agréable au goût ? Détaillerons-nous tous les supplices que sa main, délicatement barbare,