Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/270

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Dans tous les temps le rêve de la science a été d’animer la matière. Au moyen âge, l’alchimie, qui poursuivait plutôt le fantôme des choses que les choses mêmes, avait imaginé de donner la vie à des créations artificielles. La bonne foi populaire admit cet idéal pour une réalité. D’assez graves écrivains, entraînés sans doute par l’apparence des faits ou par la crédulité deleur siècle, ont avancé très sérieusement que le Grand-Albert, Raymond Lulle et quelques autres alchimistes avaient inventé, pour leur service particulier, des êtres vivans qui n’étaient point sortis du laboratoire ordinaire de la nature. Cette fable remonte dans les temps anciens jusqu’à Prométhée. Or, au fond du même mythe qui se reproduit ici sous différens traits, se cachait, sans aucun doute, un pressentiment, un vague instinct de la puissance réellement créatrice de l’industrie. Quand la science, arrivée à l’âge adulte, eut déserté la région des chimères pour le terrain positif et solide des faits, elle ramena les anciennes figures de la poésie aux proportions de la vérité. Regardons autour de nous, la main de l’homme, victorieuse de la matière, l’emprisonne aujourd’fini sous nos yeux dans une forme déterminée et lui donne ce qui ressemble de plus près à la vie, le mouvement. Comme Dieu qui, selon la Bible, amena en pieds d’Adam les divers animaux du globe, la science amène maintenant à nos pieds ces puissantes machines, organes de l’industrie, véritables créatures de Part, pour que l’homme leur donne un nom et domine sur elles.

Cette nouvelle création d’êtres fantastiques, doués