Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/318

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

decin chez une jeune malade qui s’était laissé enlever de la maison de son père par un officier. Le docteur, croyant reconnaître que le chagrin, la honte et le remords de la pauvre fille entraient pour quelque chose dans le secret de sa maladie, l’interroge doucement sur les motifs qui l’ont déterminée à cette fuite scandaleuse. Elle lui confesse alors qu’elle a moins cédé en quittant sa famille à un sentiment d’amour qu’à une irrésistible envie de voyager. Cette pauvre créature, vertueuse encore dans son déshonneur, montre en même temps au médecin, avec sanglots, deux fortes bosses qu’elle avait sur le front et qu’elle prenait pour des signes de la colère céleste. Gall, examine ces proéminences, les rapproche de celles de son guide, et reconnaît en elles, non des marques de la vengeance divine, mais l’organe des localités. À chaque organe trouvé était pour Gall un pays nouveau découvert dans le monde de l’âme. Il espérait, Dieu aidant, s’emparer ainsi de toute la tête de l’homme avec ses facultés. À mesure qu’il faisait des pas dans cette voie empirique, Gall éprouvait en même temps le besoin de retourner à l’étude du cerveau. Ses travaux anatomiques furent dirigés par cette lumière intérieure qui avait déjà éclairé ses recherches dans la route de l’observation. Les inventeurs devinent encore plus qu’ils n’apprennent. Dans les sciences on voit par ce que l’on a pensé ; le jugement subordonne les yeux. C’est ainsi que Gall hasarda sur les fonctions du cerveau, revu et commenté par lui-même, à l’aide d’une nouvelle méthode anatomique, plusieurs grandes idées. En revanche, il se four-