Page:Esquiros - Paris ou les sciences, tome 1.djvu/320

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quée à l’encre noire, et promit de découvrir plus tard les autres régions douteuses dont la frontière n’était pas encore indiquée. Toutes ces nouveautés furent accueillies avec enthousiasme. G. Spurzheim, étudiant très distingué, manifesta particulièrement le désir de s’associer à la pensée et aux recherches du maître. Ce cours commença entre ces deux hommes une confraternité d’intelligence et de travaux qui dura plusieurs années. Entre Gall et Spurzheim il y a toute la distance du génie au talent ; mais l’un et l’autre rendirent des services éminens à la science par la patience de leurs recherches, leur foi inébranlable et la tournure très différente de leur esprit : Gall, intelligence plus vaste, coup-d’œil plus prompt, instinct plus révélateur, Spurzheim, jugement sain, nature lente et appliquée, conviction calme et silencieuse. Plus méthodiste que son maître, Spurzheim attacha son nom à la dernière classification des organes de la tête[1]. Il est difficile de ne pas voir dans ces deux navigateurs, dont l’un découvre et dont l’autre baptise, le Christophe Colomb et l’Améric Vespuce du nouveau monde physiologique.

Le premier jour de l’an 1805, Gall, qui professait à Vienne, reçut de son père une lettre contenant ces

  1. Le disciple a en effet nommé la science du maître : Gall n’avait pas voulu du mot phrénologie. C’est encore à Spurzheim qu’on doit la terminaison de la plupart des organes en ité, comme amativité, combativité, acquisivité, merveillosité. Cette phraséologie barbare n’était pas du goût de Gall ; elle n’est pas non plus du nôtre. Non content de nommer les organes, Spurzheim en augmente le nombre. Il traça en outre sur le crâne trois zones distinctes. 1° Les instincts ; 2° les sentimens ; 3° les facultés intellectuelles qui forment la couronne de l’humanité.